Pourquoi l’hypothétique candidature de la RDC, voulue par Félix Tshisekedi, au poste de membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU passe (très) mal en Afrique et dans le reste du monde.
Alors que le siège de membre non permanent réservé à l’Afrique au sein du Conseil de sécurité de l’ONU pour les années 2022-2023 devait revenir au Gabon, le président RD congolais tente de le lui ravir. Voici pourquoi.
Après le siège occupé par le Niger ces deux dernières années et qui reviendra cet été au Kenya, un second se libèrera l’an prochain.
Candidat pour l’occuper, le Gabon s’est déclaré le 14 décembre dernier auprès du Département des affaires politiques de l’UA, qui gère officiellement le processus de sélection. Après clôture des candidatures le 30 décembre, il est le seul pays candidat à ce poste. La candidature gabonaise ayant emporté un large consensus, aucun autre Etat n’a déposé son dossier.
« Il y a une forme de concertation en tenant compte d’un roulement avec un ordre de passage à respecter », explique un haut-fonctionnaire de l’UA qui insiste sur le caractère « consensuel » de la procédure.
Mais c’était sans compter sur… le nouveau président en exercice de l’UA, le RD Congolais Félix Tshisekedi. Alors même que les textes sont très clairs en la matière, ce dernier entend fouler au pied la procédure pour lui en substituer une autre : la désignation du titulaire du poste « par concertation des chefs d’Etat ».
Une attitude qui a suscité de vive protestation au sein des pays membres de l’UA. « C’est une bien étrange entrée en matière. Nos textes sont clairs. Si dans son pays, M. Tshisekedi ne respecte pas la Constitution ou les lois, c’est son problème. Mais ici, il ne fera pas selon son bon vouloir », vitupère un haut-responsable ougandais.
« Nous avons toujours fonctionné par consensus. Arrivé en profitant de sa fonction de président en exercice de l’UA pour en tirer un avantage personnel, c’est intolérable », explique un ministre marocain.
Il faut dire que les motivations de Félix Tshisekedi n’ont rien à voir avec les intérêts du continent. Elles sont plutôt à rechercher du côté de la scène politique intérieure en RDC. Pour M. Tshisekedi, « ce siège lui offrirait une estrade internationale inespérée à la veille d’une année électorale. En 2023, il remettra en effet son mandat en jeu et aura besoin de toutes les opportunités pour consolider sa stature face à ses concurrents », explique La Lettre du Continent.
« Pour le président RD Congolais, ce serait d’autant plus utile que son bilan est très médiocre. L’économie est au plus mal, l’insécurité à l’est est toujours aussi vive et son bilan en matière de respect des droits humains n’est pas meilleur que celui de son prédécesseur, Joseph Kabila », analyse un chercheur au sein de Human Rights Watch qui rappelle qu’ « en RDC, M. Tshisekedi n’a pas la réputation de respecter au pied de la lettre les textes, qu’il s’agisse des lois ou même de la Constitution. » « Comment Félix Tshisekedi peut-il prétendre occuper un tel poste alors qu’il est incapable de diriger convenablement son pays ? », fait mine de s’interroger, un brin ironique, un proche de Martin Fayulu, un de ses opposants.
Autant une hypothétique candidature de la RDC serait controversé, autant celle du Gabon, outre le fait qu’elle respecte parfaitement les textes et les usages au sein de l’UA, apparait consensuelle. Elle présente, par ailleurs, aux yeux de la communauté internationale dans son ensemble un sérieux avantage. Chef de file des négociateurs africains lors de la COP 26 sur le climat, le Gabon, qui a reçu le 1er février à Libreville le Britannique Alok Sharma, qui présidera la COP 26, a prévu d’utiliser ce siège de membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU pour faire davantage entendre la voie de l’Afrique sur ces questions, cruciales pour la planète entière. L’Afrique qui, bien qu’étant faiblement émetteur de CO2, subit durement les effets des changements climatiques.
J.kabungulu