Voici pourquoi il faut très vite abroger le décret de Minembwe pour sauver l’intégrité du pays.
L’installation de la commune rurale de Minembwe dans la province du Sud-Kivu a fait couler beaucoup d’encres et des salives.
Chacun y est allé selon sa passion, selon ses intérêts. Des déclarations des acteurs sociaux et politiques ont fait couler de l’eau sur le pont au point qu’il y a lieu de se demander pourquoi ce projet de Minembwe suscite tant d’agitation.
Réagissant à tous ces discours, Me Azarias Ruberwa, même s’il soutient qu’il n’est pour rien dans l’installation contestée du bourgmestre, répond dans un audio adressé au député provincial du Sud Kivu, le docteur Bulakari: ‘’Les Banyamulenge n’ont pas affiché un triomphalisme. Ils sont simplement courageux, vaillant et avec Dieu, avec la raison, avec la cause sublime, ils avancent avec l’histoire. Minembwe est devenu célèbre et il y a là une communauté qui est en train de subir un génocide et cela attire la communauté internationale. Et personne au monde ne peut et ne va empêcher la progression normale de Minembwe. On dit que Minembwe a englouti Baraka, Uvira , Sange etc. Mais Minembwe avance, avec la prophétie, avec les prières, Minembwe avance‘’.
Cette déclaration de Me Ruberwa traduit en effet tout l’esprit qui motive le projet de Minembwe.
L’installation du bourgmestre de la commune de Minembwe qui marque concrètement l’effectivité de cette commune rurale comporte deux enjeux majeurs : cet acte venait octroyer deux éléments essentiels au projet de la création d’un nouvel Etat dans les Grands Lacs et partant donner un fondement juridique à ce processus qui relevait jusque-là de la fiction. Il s’agit de la reconnaissance d’un territoire des Banyamulenges et de la reconnaissance d’un pouvoir politique organisé sur les Bagnyamulenges qui revendiquent cette commune. C’est en cela que Minembwe avance.
L’existence d’un Etat se définit par des éléments constitutifs qui sont au nombre de trois : une population, un territoire et un pouvoir politique organisé. A ces trois éléments fondamentaux, il faut en ajouter un quatrième: la reconnaissance internationale.
1. UNE POPULATION
La notion de la population ici rime avec celle d’une nation. Aussi cette population doit avoir quelque chose en commun dont elle se reconnait. Le projet de la création d’un Tutsiland dans les Grands Lacs qui n’est plus un secret rempli valablement cette condition. Les Banyamulenges, hier Banyarwanda, constituent une communauté identifiable et se considèrent comme des Congolais « entièrement à part et non des congolais à part entière ». Aussi se revendiquent-ils d’une minorité au sein de la population congolaise, alors que toutes les ethnies et tribus congolaises sont minoritaires. Cette façon de s’identifier inspirée de la situation des Tutsis minoritaires au Rwanda face aux Hutus majoritaires, ne tient pas debout au Congo constitué des plusieurs peuples : les Bantous, les Soudanais, les Nilotiques et les Pygmées. S’il y a des peuples minoritaires au Congo et qu’il faut protéger pour craindre leur disparition, ce sont les Pygmées et non les Tutsis qui dépassent de loin en nombre, plusieurs autres tribus du Congo. Mais les Banyamulenges préfèrent s’identifier non seulement comme une communauté à part mais une communauté minoritaire pour attirer l’attention sur eux et pouvoir capitaliser cette position à des fins politiques.
2. UN TERRITOIRE
Avec la création de la commune rurale de Minembwe, la communauté Banyamulenge veut s’octroyer un territoire qu’il attend revendiquer comme terre d’origine. Et pour accréditer cette thèse, les Banyamulenges qui se disaient hier de la montagne de Mulenge (d’où le nom Banyamulenge), dans nos le territoire d’Uvira affirment aujourd’hui habiter Minembwe qui est dans le territoire de Fizi depuis 400 ans. Alors que ni les archives
Alors que ni les archives coloniales, ni aucun historien n’accrédite cette thèse. Le Rcd avait tenté la création du territoire de Minembwe pendant la rébellion en découpant d’autres territoires de la province et attiré par le fort potentiel en minerais du sous sol de Minembwe, selon des prospections sérieuses. Mais le gouvernement a rappelé au Rcd en 2007 que cette démarche était illégale. Avec la création dans l’opacité et la ruse de la commune rurale de Minembwe, Me Ruberwa et Me Nyarugabo qui sont des juristes avertis, tiennent à ajouter une pièce importante du puzzle qui pourra aider à la revendication, non seulement d’une terre d’origine, mais d’un territoire propre aux Banyamulenges, un territoire où les Banyamulenges seront majoritaires et où les autres ethnies seront minoritaires. Parce que dans la configuration actuelle, les Banyamulenges sont minoritaires dans tous les territoires de la province et ne peuvent se revendiquer en propre aucun territoire.
3. UN POUVOIR ORGANISÉ
Avec l’installation d’un bourgmestre, il s’organise désormais sur cette population identifiable comme une communauté à part, un pouvoir politique organisé et reconnu. Si pour tout autre commune de la République, un bourgmestre ne représente pas grande chose dans la structure de l’Etat, pour Minembwe, c’est un pas important par ce que, non seulement ce bourgmestre a un pouvoir reconnu par l’Etat congolais, c’est-à-dire qu’il pourra désormais poser des actes juridiques et administratifs.
Par exemple s’investir pour que, comme par le passé, des populations Tutsis proviennent des pays voisins pour s’installer à Minembwe, en leur octroyant les documents légaux, afin que la majorité des Banyamulenges sur ce territoire soit incontestables. Mais aussi en tant que représentant des Banyamulenges, reconnus par l’Etat congolais et par la communauté internationale, il peut légalement s’engager dans un processus d’autodétermination du peuple Banyamulenge sur le territoire de Minembwe qui constituera un microcosme d’un Tutsiland dans les Grands Lacs.
4. LA RECONNAISSANCE INTERNATIONALE
A entendre Me Ruberwa, la reconnaissance internationale est déjà acquise avant même que Minembwe puisse s’autoproclamer Etat indépendant. La recette qui a marché au Rwanda ne peut pas marcher en République Démocratique du Congo.
La rhétorique, c’est se réclamer minoritaire, c’est crier au génocide et en appeler à la communauté internationale qui ne voudra plus se culpabiliser d’un autre génocide des Tutsis au Congo après celui du Rwanda. Ce n’est donc pas anodin que Ruberwa a associé à la cérémonie d’installation du bourgmestre de Minembwe une délégation des Nations Unies et des États-Unis d’Amérique, pour qu’ils prennent acte de cette consécration.
Pourtant, plus de six millions des congolais sont morts depuis près d’un quart de siècle par une guerre leur imposée par les Banyamulenges. Malheureusement, à cause de la faiblesse de la diplomatie du gouvernement congolais, les Banyamulenges sillonnent le monde entier avec le passeport congolais et ont investi le système des Nations Unies pour plaider en défaveur du Congo.
LA STRATÉGIE DE LA GUERRE
Hier, la révolte des Banyamulenges qui a déclenché la guerre de l’Afdl, c’était pour revendiquer la nationalité. Aujourd’hui, c’est pour réclamer un territoire. La stratégie, c’est la guerre, et encore la guerre. Depuis 1996, les Banyamulenges ont entrainé le Congo dans un cycle de guerres interminables avec des leaders et des mouvements Banyamulenges qui se succèdent : AFDL avec Deogras Bugera, Masasu Nindaga, sous le commandement de James Kabarebe et qui ont embarqué Laurent Désiré Kabila à la dernière minute. Le CNDP avec Laurent Nkunda, Jules Mutebusi ainsi que Bosco Ntagada et le M 23 avec Makenga Sultani. Ce que tous ces chefs de guerre ont en commun, ce qu’ils sont tous Banyamulenges, au départ, Rwandais et soldats du Front Patri