La chute du mur de Berlin et la perestroïka sont deux événements fondateurs qui changèrent la donne géopolitique mondiale et créèrent un grand tournant à l’histoire de l’humanité.
En RDC, elles eurent des répercussions considérables sur la stabilité du régime Mobutu devenu inutile à un Occident qui n’avait plus besoin d’un bouclier contre le communisme. Les tensions internes entre l’opposition et la mouvance présidentielle ne firent que s’exacerber au plus haut point.
Et c’est à contrecœur que le Maréchal Mobutu posera deux actes qui vont précipiter l’effondrement de son régime. Le 24 avril 1990, il prononça un discours historique à N’sele pour prendre congé de la direction du MPR Parti-Etat et ouvrir le pays à l’expérience du multipartisme.
Ce qui va entrainer la création d’une multitude de partis politiques divisés en Mouvance présidentielle et en une Opposition radicale réclamant, elle, l’ouverture d’un forum national pour faire un bilan de la santé politique du pays. Le 6 mai 1991, Mobutu va signer l’Ordonnance-Loi n° 91-070 portant création et composition d’une conférence dite constitutionnelle appelée Conférence Nationale Souveraine (CNS), chargée d’aborder toutes les questions d’intérêt général en vue de jeter les bases de la Troisième République.
C’est dans la foulée de la CNS que va naitre la plateforme de l’Union Sacrée de l’Opposition Radicale (USOR) dont le protocole d’accord fut signé le 17 juin 1991 par l’UDPS, l’UFERI et le PDSC et quelques temps plus tard deviendra l’Union Sacrée de l’opposition radicale et alliés (USORAL) ouvert à d’autres partis.
A y regarder de très près, l’UNION SACREE de 1991 ne fut rien d’autre qu’un panier à crabes, une opération de transfert des dinosaures, des vautours et des hiboux de la Mouvance présidentielle vers l’Opposition.
Une transhumance étrange et basée sur le seul critère de critiquer ou d’injurier Mobutu pour se voir dédouané de tous ses crimes passés et pour pouvoir se donner une nouvelle virginité politique. Tout se passa comme si une grande partie des mobutistes se déversa dans l’opposition au point de faire de l’USORAL la mouvance présidentielle NEW LOOK.
Et cela se fera sentir dans la suite des événements. Toutes les stratégies de la CNS pour sortir le pays de l’impasse seront sabordées de l’intérieur même de cette fameuse union sacrée.
Pour revenir à l’essence même de cette UNION SACRÉE , il sied de rappeler à la mémoire collective qu’entre les Mouvanciers et l’Union sacrée, existait une plate-forme sans nom constituée de TAUPES, à entendre par là des faux opposants que dans une étude collective en 2012, je nommais des « opposants fabriqués ».
Ce fut la cinquième colonne de Mobutu pour torpiller l’opposition de l’intérieur.
Tenez ! Etienne Tshisekedi déjà nommé Premier ministre par Mobutu le 22 juillet 1991 va refuser cette offre à l’époque jusqu’à son élection par la Conférence nationale le 1er octobre de la même année. Mobutu y opposera son refus catégorique et ce sera le début d’un bras de fer impitoyable.
Le 23 octobre 1991, Mobutu ira justement pêcher dans l’USORAL même, deux de ses taupes, en nommant Premier ministre Mungul Diaka auquel succèda rapidement Nguz Karl I Bond.
Curieusement c’est le même Nguz Karl I Bond de l’Uferi et membre fondateur de l’Union Sacrée de l’opposition qui réclamait à cor et à cri l’instauration de la CNS et qui, le 22 janvier 1992, invoquera une tentative de coup d’État pour mettre fin à la Conférence nationale souveraine (CNS), pour ordonner le massacre des chrétiens le 16 février 1992 et pour lancer en aout 1992 les jeunes des milices de l’Uferi dans une chasse à l’homme contre les balubas du Shaba. La crise ira s’exacerbant jusqu’à l’arrivée d’un troisième acteur non prévu, le pseudo-libérateur AFDL en mai 1997.
Vous avez dit Union Sacrée ? Consultez bien l’histoire congolaise pour en tirer des leçons utiles aux générations actuelles ?
G.N