Par G.N
Les annales de l’histoire congolaise fêtent ce 17 juin 1987, le 34e anniversaire de l’Accord dit Accord de Gbado-Lite.
Ce jeudi 17 juin là, en effet, un groupe de 7 opposants zaïrois (Étienne Tshisekedi, Kibassa Maliba, Ngalula Mpadajila et autres) vont se réunir à Gbado-Lite pour signer un accord de ralliement au maréchal Mobutu.
La diplomatie des coulisses de Mobutu dirigée par le conseiller spécial Nkema Liolo secondé par Mpambia, le gouverneur du Shaba, obtiendra le retour de l’UDPS dans le rang du MPR.
Que s’était-il passé ? Pourquoi ce brusque volte-face de Mobutu? Après cinq années de fronde de ces opposants et de torture, d’arrestations et de poursuites policières qu’il leur a fait subir, le résultat n’était oint satisfaisant. Mobutu avait choisi de modifier sa stratégie. Des méthodes dures et violentes, il avait opté pour une « diplomatie des coulisses » consistant à dialoguer en tête-à-tête avec l’adversaire en vue de trouver des compromis sans pourtant trop modifier ses propres positions et sa doctrine politique.
Après moult rencontres secrètes à Lubumbashi puis à Mbuji- Mayi, un accord sera signé a Gbado-Lite, stipulant de faire mouvoir l’UDPS comme une tendance au sein de la grande famille politique du MPR.
Cet accord sera sanctionné par de nombreuses nominations des membres de l’UDPS au sein des institutions régies par le MPR. Ainsi donc, Kibassa et Ngalula seront nommés au Comité Central du MPR mais sans droit de tendance ni de courant. Lumbu Maloba comme PDG de la Sonas. Par contre Étienne Tshisekedi à qui Mobutu avait pourtant promis le poste de Premier Commissaire d’Etat va continuer à attendre des mois et des mois sans rien voir de concret. Et à la fin de la primature de Mabi Mulumba, Mobutu poussera l’outrecuidance en le remplaçant en avril 1988 par Jules-Fontaine Sambwa Pida Nbangi.
Se sentant humilié et roulé dans la farine par Mobutu qui ne lui a pas donné le poste de premier commissaire d’état conformément à l’Accord de Gbadolite, Étienne Tshisekedi entrera dans une opposition farouche au régime de Mobutu. Et dans le contexte mondial de la chute du mur de Berlin qui adviendra en 1989 et de la fin du monde bipolaire qui faisait de Mobutu le rempart du bloc capitaliste en Afrique, la posture d’opposant de Tshisekedi se trouvera adoubée par les chancelleries occidentales en poste à Kinshasa de plus en plus lassées par les dérives du pouvoir de Mobutu et à qui Mobutu ne sert plus à grand-chose.
Cette stratégie de mensonge et des promesses non tenues va s’avérer contre-productive voire catastrophique pour le camp Mobutu qui aurait pu contenir de l’intérieur ces forces politiques centrifuges. Faute de cela, Tshisekedi deviendra un véritable couteau à la gorge de Mobutu. Un couteau que les frustrations populaires rendront plus tranchant via des manifestations et marches de colère, des journées mortes et des pillages de ce qui restait du tissus économique du pays.
Cette guerre de tranchées entre Mobutu et Tshisekedi va trop se prolonger sans trop de résultat tangible. Elle va plutôt créer une grande fracture sociale et un grand désordre politique interne que ni la conférence nationale souveraine (1992) ni la troisième voie du HCR-Parlement de transition (1994) n’arriveront à résorber et qui va ouvrir largement le boulevard à l’Afdl et à l’infiltration désastreuse du Rwanda et de l’Ouganda dans la marche des affaires de l’état congolais jusqu’à ce jour.
Cette affaire des promesses non tenues envers les alliés doit devenir une grande leçon pour la génération actuelle des politiciens congolais. Comparaison n’est pas raison certes mais il faudra tout de même suivre de très près le malaise diffus au sein de l’Union sacrée nationale où se créent de plus en plus des fissures mais aussi l’évolution de l’agitation actuelle au sein de l’Accord de Nairobi avec ces membres de l’UNC qui se disent trahis et floués par leur allié de l’accord signé à Nairobi. Ici et là, l’histoire des promesses non tenues semble avoir la peau dure en RDC et bien malheureusement, les conséquences politiques sont payées sur de longues années.