Tout part de la journée du 9 janvier 1989, lorsque le Président Mobutu Sese Seko ouvre les travaux du Comité Central du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR, Parti-Etat), en stigmatisant : “les considérations futiles sur les droits de l’homme au Zaïre émises si souvent par un pays qui n’a laissé dans son ancienne colonie aucune tradition en la matière”. Le Président Mobutu va aussi évoquer la dette morale de la Belgique à l’égard de son ancienne colonie, présentant finalement la détresse économique du Zaïre comme le fruit d’une très ancienne exploitation qui met la Belgique en devoir de réparer ses forfaits.
Selon Mobutu Sese Seko, le Zaïre avait le droit de demander ds comptes et d’exiger une juste réparation… “comme la France l’a accordée à l’Algérie et la Grande-Bretagne au Kenya et au Zimbabwe”. Le Président Mobutu dénonça dans ce même ordre d’idées d’abord la confiscation par la métropole du produit de la vente de l’uranium de l’ancienne colonie qui servit à la fabrication de la bombe atomique américaine lors de la 2è guerre mondiale, puis le détournement vers la métropole des réserves d’or de la colonie quelques jours seulement avant le 30 juin 1960 jour de l’accession du pays à son indépendance. Puis encore la transformation des sociétés de droit congolais qui le désiraient en sociétés de droit belge par la loi du 17 juin 1960. A cela s’ajoute la déstabilisation du jeune Etat indépendant du Congo par l’organisation de la sécession du Kasaï et surtout celle du Katanga.
Enfin, le Président Mobutu appela à un examen en profondeur du “lourd contentieux moral et financier entre le Zaïre et la Belgique en vue de l’établissement de relations plus justes et plus équitables.”
L’on assista, après ces prises de positions, à une aggravation très nette des relations entre les deux pays. Le 11 janvier, le gouvernement belge émet une première protestation diplomatique en réaction aux mesures prises par le Zaïre et visant la compagnie aérienne SABENA. Le 13 janvier de la même année, le Comité Central du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) annonce la décision du Zaïre de dénoncer les traités belgo-zaïrois d’amitié de 1960 et de coopération général de 1973. Le 15 janvier, le Gouvernement belge annonce à son tour sa décision d’interrompre jusqu’à nouvel ordre sa coopération avec le Zaïre et rejette énergétiquement la critique portée par le Zaïre sur cette coopération.
Enfin, le Gouvernement belge déplora “le caractère unilatéral des modifications que le Zaïre a apportées aux relations avec la Belgique” et rejeta le caractère unilatéral de la décision du Zaïre de suspendre tous les remboursements des créances belges exigibles. la Belgique considérait que le contentieux entre les 2 pays avait été définitivement clos, en rappelant l’article 18 de la Convention de 1965.
En date du 24 janvier, l’Agence zaïroise de presse fit savoir que le Zaïre avait décidé de porter le contentieux belgo-zaïrois devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) de la Haye, en réponse aux propos du ministre belge des Affaires étrangères qui affirmait qu’il n’était pas question pour son pays de revenir sur ce dossier. Le 1er février, le MPR, réuni en Congrès, laissa le choix au Président Mobutu de suspendre ou de rompre les relations diplomatiques avec la Belgique.
Le 3 février, le Roi Hassan II du Maroc fera alors une proposition de médiation, acceptée aussitôt par Mobutu, en visite au Maroc. La médiation marocaine fut acceptée également par la Belgique peu de temps après. Le différend entre les 2 pays quittait alors la scène publique pour des négociations entre les émissaires des deux pays. L’initiative marocaine sera couronnée de succès : la Belgique et la Zaïre signèrent, à Rabat, un Accord qui mettait fin à la crise, le26 juillet 1989.
[07/02 à 13:11] Makobo: Le texte prévoyait la création d’un fonds de réemploi, qui était la contrepartie à l’effacement par la Belgique de la dette zaïroise. Le Zaïre s’engageait à verser en moyenne 800 millions de Francs belges par an à la Belgique, au cours du change du jour. Ce fonds allait être géré d’un commun accord et allait donner la priorité aux investissement productifs pour le développement local du Zaïre et pour la création d’emplois. Enfin, les 4 vols hebdomadaires de la compagnie aérienne belge SABENA prévus dans l’accord étaient de nouveau rétablis.
La période d’accalmie qui avait suivi la conclusion de l’Accord de Rabat fut mise à profit par les 2 parties pour définir les nouvelles modalités de leur coopération. Le 15 février 1990, au terme des négociations belgo-zaïroises, 5 accords furent adoptés et paraphés à Bruxelles :
La Convention Générale régissant les relations entre la République du Zaïre et le Royaume de Belgique;
L’Accord de Coopération entre la République du Zaïre et le Royaume de Belgique;
Le Protocole d’Accord entre la République du Zaïre et le Royaume de Belgique relatif au statut du personnel de la Coopération belge;
Le Protocole d’Accord entre la République du Zaïre et le Royaume de Belgique relatif à la formation des cadres zaïrois;
L’Arrangement particulier entre la République du Zaïre et le Royaume de Belgique relatif au “Fonds bilatéral de développement” (FBD).
B.Babunga.