Lorsqu’il commence sa carrière musicale par des prestations dans les cabarets de Kinshasa aux sons de musiques salsa ou folk, personne alors ne pouvait prédestiner l’avenir grandiose qui fut le sien dans la musique congolaise, à ce garçon né le 23 septembre 1954 à Bujumbura, d’un père nylotique et d’une mère Kasaïenne.
Il intégra ensuite vers les années 1975-1976 l’orchestre Lovy du Zaïre dirigé par Vicky Longomba, où il côtoya un certain Diatho Lukoki.
C’est donc à ce chanteur que le Grand Maître Franco fait appel, lorsque son orchestre fut déserté par quelques musiciens dont Youlou Mabiala, qui avait décidé de traverser le fleuve Congo et retourner à Brazzaville.
Mpoyi Kanyinga Ignace, de son vrai nom, accompagna donc son ami Diato Lukoki à accomplir les formalités administratives à l’immeuble 1-2-3, afin d’intégrer le Tout Puissant Ok Jazz.
Dans son bureau, Le Grand Maître est accompagné de Kiambukuta Josky qui, lui, avait déjà entendu chanter ce beau gosse et plaide sa cause auprès de Franco, qui ne semble pas très emballé.
Il fit tout de même la promesse d’étudier cette candidature au retour de son voyage de l’Europe, et pria le jeune chanteur de revenir plus tard. On ne saura peut-être jamais ce qui a subitement fait changer d’avis à ce Franco si exigeant pour faire rappeler ce garçon qu’il n’avait jamais entendu chanter et le faire intégrer immédiatement son groupe.
Instinct de Maestro ou prémonition ?
Chacun y va de son opinion.
Toujours est-il que Franco exigea que toutes les formalités fussent accomplies sur le champ, et Joe Mpoyi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’envola, quelques jours plus tard, pour une tournée européenne avec l’orchestre Ok Jazz.
En réalité, le délai étant court, il dû voyager avec l’identité d’un autre musicien…
La suite reste dans les annales de l’orchestre Ok Jazz et de la musique congolaise. De « Mbongo », la première chanson qu’il interpréta (un remix après la version de Ndombe Opetum), « Mandola », « Kadima », « Mamba », « Celio », « Pablo », « Adieu Franco », et j’en passe des meilleurs, sont autant des tubes irradiés par le talent hors pair, en solo comme en duo, de qui est admis comme étant l’une des voix exceptionnelles de la musique congolaise.
Hommage à cet artiste hors pair
Décédé le 19 septembre 1993, Joe Mpoyi totalise 27 ans dans l’au-delà.
Outre la traditionnelle cérémonie de passage au cimetière de la Gombe où son corps repose, un concert est prévu ce vendredi 18 septembre à partir de 18 heures, à l’espace La Jolie dans la commune de Bandalungwa.
Et pour rendre hommage à cet illustre chanteur qu’il a présenté à Franco, Josky Kiambukuta, malade depuis plusieurs années déjà, a quand même décidé de marquer sa présence lors de ce spectacle.
Erick Mpoyi, fils de son père, n’a pas à se plaindre de manquer le physique beau gosse et charmeur de son pater, car il a hérité de lui le plus important : sa voix.
Avec un groupe des jeunes, il tient un groupe d’interprétation qui revisite particulièrement les chansons interprétées par son père et, de façon générale, tous les tubes à succès de l’orchestre Tout puissant Ok Jazz, et de la musique congolaise.
Le traditionnel rendez-vous de tous les vendredis aura donc une saveur particulière ce jour… L’artiste ne meurt jamais dit-on !