1. A la veille de la proclamation de l’Indépendance de l’Angola, le président Mobutu décide d’aller chasser le MPLA d’Agostino Neto de Luanda, afin d’y installer l’ami du Zaïre Holden Roberto, président du FNLA (Front National de Libération de l’Angola).
Les troupes zairoises, les militaires angolais du FNLA et les mercenaires occidentaux, soutenus par les américains, entrent en Angola et occupent la partie Nord-ouest du pays. Ils sont dans les provinces de Zaïre, de Uige (Uige, Negage), de Cuanza Norte (Camabatela) et de Bengo (Caxito).
2. Arrivées aux portes de Luanda (à une vingtaine de kilomètres, à Cal), les troupes alliées vont constituer une unité chargée de donner l’assaut sur la ville. Cette unité est composée de 800 soldats angolais du FNLA, de 1200 soldats congolais (zaïrois), dirigés par le commandant du 7ème bataillon, le colonel Mamina Lama, de 130 mercenaires portugais, un groupe des militaires sud-africains sous les ordres du général Ben de Wet Roos et quelques hommes de la CIA.
3. A 5h du matin du 10 novembre 1975, deux avions de chasse survolent en bombardant la localité de Kifangondo, située à 22 km de Luanda, et dernier verrou avant l’entrée de la ville. Ces avions de combat, les militaires du MPLA pensent que ce sont les » Mirages « des FAZ qui étaient à la base aérienne de Negage, volant à haute altitude et à cause de la visibilité réduite due à la petite pluie de ce jour-là à Kifangondo ratent leurs cibles.
4. Vers 6h du matin, les forces de la coalition zairoise vont pilonner les positions des FAPLA (armée du MPLA) à l’artillerie lourde durant plusieurs heures. Vers midi, la colonne des forces zairoises, précédée par des véhicules blindés, se met en route en descendant la colline de Cal qui surplombe Kifangondo. En toute confiance, croyant les forces du MPLA, qui n’étaient pas très redoutables, anéanties par les bombardements.
5. Malheureusement pour les militaires zaïrois, ils vont tomber dans une embuscade et vont être massacrés, à l’entrée de Kifangondo, par un bataillon des militaires congolais qui se battent aux côtés de FAPLA. Ce milliers des congolais sont commandés par le major Grégoire Mulombo. Ils se font appeler » les tigres « . Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ?
6. Les tigres sont les anciens gendarmes katangais. Nous l’avons déjà vu, lorsque Moïse Tshombe proclame la sécession du Katanga en créant l’État Indépendant du Katanga en 1960, il va former son armée, appelée la gendarmerie katangaise, constituée de 12 000 hommes qui sont encadrés par des mercenaires belges, français, sud-africains (Jean Schramme, Bob Denard, Mike Ohara. . . ).
7. Au mois de décembre 1962, le président américain John Fitzgerald Kennedy, fatigué des tergiversations de Moïse Tshombe et du double jeu de la Belgique, décide de mettre un terme, par la force, à la sécession katangaise. Il va apporter tout les soutiens matériels et logistiques nécessaires aux casques bleus suédois de l’ONUC (Opération des Nations-Unies au Congo). Ces derniers vont lancer une grande offensive contre les gendarmes katangais et leurs alliés. C’est la débandade et la fin de la sécession. Fin janvier 1963, les 2/3 de l’armée de Tshombe fuit le Katanga et trouve refuge en Angola. Les portugais vont bien les accueillir et commenceront à les utiliser pour les opérations de maintien de l’ordre public dans leur colonie.
8. Après la chute de Salazar à Lisbonne en 1974, les nouvelles autorités portugaises proposent au général Mbumba Nathaniel et ses 2400 tigres de rentrer au Zaïre, pour bénéficier de l’amnistie de Mobutu ou de s’allier au MPLA. C’est ainsi que le 17 décembre 1974, les tigres rejoignent le MPLA d’Agostino Neto.
Mais le 10 novembre 1975, les tigres ne sont pas les seuls à se battre à Kifangondo contre leurs frères zaïrois. Bien sûr il y a des militaires des FAPLA; mais il y a surtout les cubains et leurs lance-roquettes multi-tubes communément appelées » Orgue de Staline « .
9. Se sachant très faible sur le plan militaire et ne pouvant compter que sur les militaires inexpérimentés de FAPLA, mais surtout sur les tigres katangais du général congolais Mbumba Nathaniel, Agostinho Neto avait sollicité l’aide de Fidel Castro, le président cubain. Ce dernier répond favorablement à la demande de Neto et monte l’ » Opération Carlota » du nom d’une esclave noire qui avait lancé une révolte à Cuba en 1843.
Cette opération consiste en l’envoi d’un contingent de 12.000 combattants cubains en Angola pour soutenir le MPLA contre les militaires zaïrois qui soutiennent le FNLA au Nord et contre les sud-africains qui accompagnent l’UNITA de Jonas savimbi au sud.
10. Acheminées en toute discrétion, ni la CIA ni les services de renseignement zaïrois n’étaient au courant de cette arrivée des militaires cubains et de leurs matériels, les orgues de Staline vont faire un carnage au sein des troupes zairoises et alliées. Plusieurs centaines de jeunes militaires congolais vont mourir ce jour-là à Kifangondo, tués par leurs propres frères congolais, les tigres, alliés du MPLA et, surtout, par l’armement cubain.
C’est la débandade du côté zaïrois. Beaucoup des militaires congolais et des mercenaires sont fait prisonniers. Luanda et le pouvoir du MPLA sont sauvés !
11. Le lendemain de la bataille de Kifangondo, soit le 11 novembre 1975, Agostinho Neto proclame l’Indépendance de l’Angola et la création de la République Populaire d’Angola, sur la place du 1er mai à Luanda.
On retrouve dans la tribune, parmi les invités d’honneur, le général Mbumba Nathaniel, le commandant des tigres; une façon pour Agostinho Neto de dire merci aux congolais du FLNC (Front de Libération Nationale du Congo) qui se sont battus contre leurs propres compatriotes pour sauver son pouvoir !
Après cette cuisante défaite de Kifangondo, que va décider le président Mobutu ?
A suivre !